11 décembre 2006

Tournez manège

Ah ! Qu'il est loin le temps où il suffisait d'appuyer sur une gachette pour mettre de l'essence dans un avion ! On ne se préoccupait même pas d'où sortait cette essence.
Ici, il faut d'abord se procurer des fûts. Avec les aléas de la chose, il arrive que pendant plusieurs semaines, il n'y ai plus une goutte d'essence pour avion. D'abord, le transport maritime vers ces îles si éloignées de tout n'aide pas, ensuite il suffit que des tahitiens en colère bloquent l'unique route menant au dépot pétrolier du port pour aggraver les choses.
D'ailleurs, c'est pour tout comme ça, pas seulement pour l'essence avion. Comme le tahitien est génétiquement feignant et qu'il n'anticipe absolument jamais rien, il attends d'être confronté au problème qui était inévitable pour faire quelquechose. C'est ainsi qu'il arrive régulièrement que pendant un mois, il n'y ai plus de lait sur l'île, ou alors c'est le beurre, ou la pièce défectueuse de la débroussailleuse qui est dans un bateau à 3 semaines de Tahiti... Mais je m'éloigne là, la micro-économie, ce sera pour un autre mail.
Donc une fois qu'on a un fût d'essence, il faut charger sa centaine de kilos sur un diable et le transporter à l'autre bout du parking, puis tourner la manivelle de la pompe une bonne centaine de fois pour faire monter quelques malheureuses dizaines de litres d'essence dans les réservoirs du Cessna, qui, pour rien arranger, sont dans les ailes, tout en haut...




08 décembre 2006

Tahiti et Moorea

Moorea, littéralement "lésard jaune", est également surnommée "l'île soeur" par les Tahitiens, car elle est toute proche de Tahiti.
Les 20 km qui les séparent sont parcourus pendant toute la journée par des ferries et des avions. 3 compagnies de ferries exploitent 6 bateaux transportant passagers, voitures et fret divers entre Papeete et Vaiare en 30 min à 1h, 5 ou 6 fois par jour, et les Twin Otter d'Air Moorea, filiale d'Air Tahiti, joignent les aéroports des 2 îles en 5 minutes, plus de 40 fois par jour.
De ce fait, Moorea est la deuxième île la plus visitée de Polynésie, après Tahiti. Mais ses dirigeants politiques successifs ont su prendre les bonnes décisions pour développer respectueusement le tourisme à Moorea, contrairement à Tahiti où l'urbanisation à outrance ne semble pas vouloir s'arréter.
Personne n'est dupe et tout le monde déserte Pappete et son agglomération le week-end, beaucoup pour Moorea, dont ils reviennent souvent chargés d'ananas.

Moorea est toute proche de Tahiti, mais c'est un vrai bol d'air à chaque fois !




04 décembre 2006

Pèlerinage à la Mecque...

... de la plongée, Rangiroa, dans l'archipel des Tuamotu.

De tous les archipels polynésiens, c'est sans doute le plus déconcertant, le plus aux antipodes pour les occidentaux. Aussi proche du paradis que de l'enfer, il se caractérise par une géographie extrême. Imaginez un chapelet de 77 atolls, délicats anneaux coraliens à fleur d'eau, essainés sur 1500 km du nord-ouest au sud-est et sur 500 km d'est en ouest. Pas le moindre relief, seulement un vertige liquide, une platitude absolue. Rien de commun avec les îles de la Société ou les Marquises.
Les Tuamotu incarnent pour le visiteur le dépaysement absolu, dans un cadre sauvage. La vie y est simple, les distractions sont rares. Le quotidien est rythmé par la pèche, les travaux dans les fermes perlières ou les cocoteraies, les offices religieux, les arrivées d'avions ou de cargos. Cette rusticité, alliée à l'insolente beauté de leur lagon, constituent leur plus précieux capital.
Ce milieu fragile et vulnérable, voire hostile, passe encore pour un univers "arriéré" aux yeux des Tahitiens. Pourtant, la perliculture, devenue l'un des piliers de l'économie polynésienne, a propulsé cet archipel sur le devant de la scène, lui qui est historiquement le lieu de production des perles dîtes noires. En parallèle, la construction d'infrastructures dans les domaines des télécommunications et des transports, ainsi que le soutien à la coprahculture et à la pèche, ont contribué à désenclaver l'archipel. Le tourisme s'y développe également, notamment grâce à la plongée sous-marine. Paradis bleu par excellence, peu touché par l'activité humaine, les Tuamotu représentent, aux yeux des plongeurs, un monde plein de promesses et de sensations.
Reste que cette modernisation ne concerne pas tous les atolls. Le fossé se creuse entre le nord et l'ouest de l'archipel, qui a misé sur la perle ou le tourisme, et les atolls des Tuamotu centre et est, en partie marginalisés, qui continuent à vivre dans un relatif dénuement.

En deux décennies, Rangiroa (de "Rairoa", littéralement "long ciel") s'est imposé comme une destination touristique à part entière, la plus connue de l'archipel. Sa renommée s'est principalment batie sur la plongée sous-marine. Chaque année, des milliers de plongeurs viennent vivre le grand frisson dans les deux passes, Avatoru et Tiputa.
Situé à 350 km au nord-est de Tahiti, Rangi est le grand seigneur de la géographie polynésienne. Ses mensurations, 75 km d'est en ouest et 25 km du nord au sud, le classent deuxième atoll au monde par sa superficie, juste derrière Kwajalein en Micronésie. Cet anneau coralien en forme de poire pourrait contenir l'île entière de Tahiti. Son lagon est si grand que, d'un bord, il est impossible d'en apercevoir la rive opposée.
En raison de cette immensité, lorsque l'atoll "respire" sous l'effet des marées, de puissants courants se forment dans ses deux étroites passes, pour le plus grand bonheur des plongeurs, car ce renouvellement des eaux attirent une exceptionnelle concentration de faune, notamment des requins, et est propice aux plongées dérivantes.

C'est ainsi que samedi, je décolle de Tahiti pour Rangi à 6h de mat, pour me retrouver, 2h plus tard, sur un zodiac avec 3 autres plongeurs, sur l'océan, au large de la passe de Tiputa, où le fort courant rentrant créé des vagues statiques où jouent les dauphins.
A peine immergés, c'est l'extase. On est dans le grand bleu. La visibilité est encore meilleure qu'à Tahiti, elle dépasse les 70 mètres.
Arrivé à 5m, deux gros requins viennent nager autour de nous.
Croisant un banc de barracoudas et un énorme napoléon, on descend directement à 45 mètres. On ne distingue pas le fond, car en dessous, vers les 60 mètres, il y a un tapis de requins. Des centaines et des centaines de requins partout.
On avance tranquillement. Un vol de 12 raies léopards passe. Puis un deuxième, il y a trop de raies pour pouvoir les compter.
On se fait happer par le courant et on est projetés à travers la passe et au-delà, loin dans le lagon.
Nous somme remontés à 20 mètres, et le fond, 2 mètres en dessous de nous, défile à une vitesse prodigieuse.
Nonchalamment, 2 gros requins marteaux de 5m, remontent le courant et nous passent juste à côté.
Un peu plus loin, c'est une gigantesque raie manta, dans les 5m d'envergure, qui nous rattrape par derrière et reste parmi nous quelques minutes.
Lorsqu'on remonte à la surface, on est plusieurs kilomètres à l'intérieur du lagon.

La deuxième plongée fut moins impressionnante, mais je ne pourrais plus jamais plonger ailleurs que dans les Tuamotus.